Studio Niloc sur la conjuration de “D’où viennent les lapins”

par Erin Hynes

21 November 2023
A father (Jaco) and his daughter from D'où viennent les lapins.

Le court métrage D’où viennent les lapins se déroule dans un monde dystopique et froid. Un père lapin défie les autorités en essayant d’insuffler un sentiment d’émerveillement dans la vie de sa fille, après la disparition mystérieuse de sa mère.

Studio Niloc a produit et animé le court métrage avec une équipe basée à Montréal. Le film a été sponsorisé en partie par Toon Boom, et réalisé à l’aide de Storyboard Pro et Harmony. Nous avons rencontré Colin Ludvic Racicot (scénariste et réalisateur) et Hubert Lapointe (superviseur de l’animation) du Studio Niloc. Dans cet entretien, Colin et Hubert discutent de ce qui a inspiré le film ainsi que du processus et des techniques utilisés pour le projet.

Teaser trailer pour D’où viennent les lapins par Studio Niloc.

Qu’est-ce qui a inspiré l’histoire de D’où viennent les lapins ?

Colin : J’ai toujours été inspiré par le monde de la magie, dans l’histoire du cinéma comme dans l’histoire en général. J’ai trouvé que c’était un beau domaine à explorer. Mais l’inspiration première du film a été mon expérience en tant que père.

Grâce à cette expérience, j’ai ressenti une nouvelle gamme d’émotions et des souvenirs impérissables qui ont fleuri. C’est dans cet esprit que j’ai commencé à écrire l’histoire, en abordant une relation père-fille dans un monde où l’imagination est interdite. J’ai trouvé ce postulat très inspirant. C’est alors que Studio Niloc a commencé à développer le projet en 2019.

De quoi parle D’où viennent les lapins et qu’est-ce que les spectateurs devraient retenir du film ?

Colin : Le film se déroule dans un monde où l’imagination est interdite. Nous suivons l’histoire de Jaco, un père veuf qui défie les autorités tout en essayant d’insuffler un sentiment d’émerveillement dans la vie de sa fille.

Nous voulions créer un court métrage magnifique et nostalgique pour tous les âges. Mon intention en tant que réalisateur était de mettre en avant l’importance de l’imagination dans notre vie quotidienne. Nous devrions toujours rester jeunes de cœur, même en tant qu’adultes, et grandir avec les souvenirs des personnes qui nous apportent de la joie.

Un aperçu des coulisses de l’animation des personnages de D’où viennent les lapins dans Harmony Premium.

Comment avez-vous été impliqué dans la réalisation de D’où viennent les lapins ?

Hubert : J’ai été présenté au réalisateur du film, Colin, par l’intermédiaire d’un ami commun. Colin cherchait à constituer ce qui allait devenir l’équipe centrale du projet. Cette assemblée s’est déroulée pendant le confinement de la pandémie au Québec, de sorte que les présentations étaient toutes virtuelles.

Bien que j’aie tout vu virtuellement, la qualité artistique de l’animatique et des premiers dessins m’a semblé évidente. J’ai tout de suite su que je voulais apporter ma contribution à ce qui me semblait être un court métrage très prometteur.

Comment s’est déroulée la réalisation du film ? Comment avez-vous constitué l’équipe d’animation ?

Hubert : Je venais de terminer un travail de réalisation sur un projet très commercial à l’époque. J’étais enthousiaste à l’idée de commencer à travailler sur un pipeline plus organique et artistique qui favoriserait la créativité et encouragerait les contributions personnelles de tous les membres de l’équipe.

Colin avait une vision très claire de ce qu’il recherchait tout en restant très ouvert à toute modification technique ou artistique susceptible d’améliorer le projet, tant sur le plan de la qualité que de l’efficacité. En raison des contraintes budgétaires et de la quantité d’animations complexes à produire, la solution la plus évidente semblait être le découpage.

Nous avons principalement concentré nos efforts de recrutement sur la recherche de personnes ayant une bonne connaissance de cette technique d’animation. Nous avons également recherché des candidats à l’aise avec le bricolage, puisque l’ensemble de la production a été réalisée à distance.

Studio Niloc utilise d’ambitieux personnages truqués dans D’où viennent les lapins.

Comment votre équipe a-t-elle abordé le trucage et l’animation des personnages pour le court métrage ?

Hubert : Nous avons décidé de limiter la complexité du rigging au minimum pour permettre aux animateurs de se concentrer sur le redessin lorsque c’est nécessaire, au lieu de se perdre dans les détails techniques. C’est quelque chose que j’ai déjà expérimenté dans des émissions comme Rick and Morty, où j’ai été surpris par la simplicité des montages. Les rigs simples ont permis aux animateurs de compléter ce que les rigs pouvaient fournir, avec une bonne dose de substitutions de dessins supplémentaires pour atténuer la sensation de rigidité que l’animation avec découpage complet peut parfois avoir.

Quelles techniques d’animation avez-vous utilisées pour créer l’aspect visuel du film ?

Hubert : Nous avons essayé de miser le plus possible sur l’efficacité de l’animation découpée. Tout en gardant à l’esprit que nous ne voulions pas que les téléspectateurs puissent dire qu’il avait été découpé dès le départ. La magie étant une composante essentielle du film, nous nous sommes efforcés de créer des effets spéciaux fluides et complexes, dessinés à la main.

Le mélange de ces éléments d’animation traditionnels avec des personnages bien découpés et un solide travail de composition a été notre feuille de route vers le succès. Cette approche nous a permis d’obtenir un aspect un peu différent de ce que les gens associent à l’animation par découpage, tout en respectant le budget et le calendrier.

Quelles ont été les fonctions les plus utiles d’Harmony pour la réalisation du film ?

Hubert : Les déformateurs et les lignes de crayon texturées sont probablement les éléments Harmony les plus percutants que nous ayons utilisés pour créer D’où viennent les lapins. Puisque nous avons contribué à créer l’apparence du film en utilisant un passage important de compositing, avoir la possibilité de sortir les graphiques vectoriels de Toon Boom à la taille de résolution dont nous avions besoin a également été un grand changement de jeu.

Photo de production de D’où viennent les lapins.

D’où viennent les lapins a un beau style d’animation. Pouvez-vous nous parler de la manière dont vous avez décidé d’aborder l’aspect du film et de ce que cette approche apporte à l’histoire ?

Colin : Je dirais que l’aspect du film a été inspiré par les œuvres artistiquement riches que j’ai regardées dans mon enfance, telles que Nightmare Before Christmas, 101 Dalmatians et Howl’s Moving Castle. Je voulais créer un monde fantastique à la fois détaillé et immersif, car c’est ce que j’aimais dans ces films.

Pour moi, la direction artistique du film était intimement liée au scénario, car il était nécessaire de façonner le monde dans lequel vivent nos personnages pour qu’il soit crédible et que le public puisse ressentir une véritable empathie à l’égard des protagonistes. La ville sombre et grise de nos personnages renforce l’idée que la fantaisie n’existe pas dans ce monde – et les couleurs sont en fait à l’intérieur de nos personnages.

L’animation de nos personnages dans leur vie quotidienne rappelle un style plus classique, délicat et sobre que l’on retrouve dans les films de Sylvain Chomet. Mais certaines scènes d’action sont plus excentriques, rappelant les mouvements des personnages de Lupin III : Le Château de Cagliostro. Qu’il s’agisse des décors, du design des personnages ou même du style de l’animation, D’où viennent les lapins est un film qui a été réalisé avec cœur et passion, avec un amour pur pour le médium de l’animation.

Comment votre équipe a-t-elle mélangé l’utilisation du noir et blanc, des ombres et du sépia chaud dans le film ?

Colin : Nous avons pensé qu’un monde où l’imagination est interdite devait être incolore, presque sans vie. Cela confirme le fait que le bonheur vient de l’intérieur. Les séquences sépia ont été utilisées pour indiquer des scènes qui étaient des flashbacks, des souvenirs d’une époque plus heureuse. Il était donc logique d’avoir quelque chose d’un peu plus chaud que le présent. Ces décisions soutiennent l’histoire et alimentent l’expérience du public.

La couleur (et son absence) est utilisée à des fins délibérées dans D’où viennent les lapins.

Quels ont été les moments les plus passionnants du processus de réalisation de D’où viennent les lapins ?

Colin : Venant du monde de l’animation, le processus a été rafraîchissant et passionnant pour moi. De la phase de développement à la conception sonore, j’ai fait de mon mieux pour apprendre et améliorer mon métier. Je pense qu’un artiste peut vraiment s’épanouir dans un environnement où il est constamment mis au défi, et travailler avec tant de grands talents a été une expérience vraiment enrichissante. Le potentiel de narration de l’animation 2D m’inspire vraiment, et c’était si beau de voir les personnages prendre vie dans Harmony.

Quelle est la prochaine étape pour D’où viennent les lapins ?

Colin : Le film est distribué par H264. Nous prévoyons de sortir le film dans le circuit des festivals en 2023. Les lecteurs peuvent suivre nos pages sur les médias sociaux pour obtenir les dernières nouvelles concernant les projections à venir au Canada et à l’étranger.


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